Fiche de lecture : « La place », d’Annie Ernaux
Fiche de lecture réalisée par N, élève en terminale ES.
Annie Ernaux :
Annie Ernaux, (née Annie Duchesne), le 1er septembre 1940 à Lillebonne. Annie Ernaux passe son enfance et sa jeunesse à Yvetot, en Normandie. Née dans un milieu social modeste, de parents d’abord ouvriers, puis petits commerçants, Annie Ernaux fait ses études à l’université de Rouen. Elle devient successivement institutrice, professeure certifiée, puis agrégée de Lettres modernes. Au début des années 1970, elle enseigne au collège d’Evire à Annecy, puis à Pontoise, avant d’intégrer le Centre National d’Enseignement à Distance. Elle fait son entrée en littérature en 1974, avec « Les Armoires vides« , un roman autobiographique. En 1984, elle obtient le prix Renaudot pour un de ses ouvrages à caractère autobiographique, « La Place ».
Résumé de l’oeuvre :
Le récit débute avec la mort du père de l’auteure, en juin 1967. Deux mois après que sa fille fût reçue au Capes de Lettres.La jeune femme accompagne sa mère dans les démarches administratives puis rentre chez elle, où elle forme le projet d’écrire sur la relation qu’elle entretenait avec son père. S’en suit l’histoire mouvementée, d’un homme d’origine paysanne, victime de son milieu et profondément effrayé par « les malins de la ville ». Le père se replie sur lui-même et les disputes sont nombreuses au sein de la famille. Le lycée confronte la narratrice à un monde tout à fait différent de son cadre familial. C’est pour elle l’occasion de fréquenter un milieu bourgeois et de découvrir la littérature. Cette période marque l’éloignement avec son père et un rapprochement progressif avec sa mère.
L’école et la famille : deux mondes totalement différents
Au sein de son œuvre, Annie Ernaux, met en évidence le rôle joué par sa famille au cours de son enfance (son groupe d’appartenance), et le rôle joué par l’école primaire et plus tard l’enseignement secondaire et supérieur (groupe de référence).
Tous deux issus d’un milieu « populaire », les parents de l’auteure ont toujours éduqué leur fille dans un souci d’humilité et de plaisirs simples. Accompagné d’une éducation religieuse et de messes dominicales. Le père qui n’avait malheureusement jamais eu l’occasion d’apprendre à lire et à écrire étant plus jeune n’a jamais vraiment encouragé sa fille à persévérer dans les études supérieures. L’intérêt constant de la jeune fille pour la littérature devenait alors l’objet de discorde, car son père ne pouvait ni comprendre, ni partager son hobby. L’environnement de son enfance, traditionnel est majoritairement constitué d’ouvriers ou de petits commerçants était également porteur d’idées reçues et de préjugés sur les « gens de la ville » trop pédants, prétentieux, et méprisants. Le quotidien des habitants était réglé comme du papier à musique, toute action était surveillée au crible, chaque « faux pas » ou info compromettante étaient immédiatement relégués à l’ensemble de la ville.
De son côté, le cadre scolaire offrit à la jeune fille un tout nouvel environnement, au sein duquel on privilégiait l’enseignement, la rigueur et le sérieux au travail manuel. Les codes du « bon langage », lui tient enseigner, autant à l’oral qu’à l’écrit. Loin du patois de son père, la jeune fille jouissait également de cours de latin, de sciences et de langues étrangères. Elle pût y rencontrer des étudiants provenant de milieux différents du sien, tels que la « petite bourgeoisie », avec qui des liens apparurent par la suite. Confrontée à des individus plus cultivés, la jeune femme, aiguisa son sens du goût dans de nombreux domaines (musique, luxe, vêtement, cinéma, littérature décoration, etc..), et ainsi se construit une toute nouvelle culture, loin de ce qu’elle connaissait auparavant.
Ces instances : Moteur ou frein à la mobilité sociale ?
Si l’auteure a connu une véritable ascension sociale au cours de sa vie, celle-ci n’est pas sans raison.
D’une part, sa famille en tant que groupe d’appartenance, l’a confrontée à la dure réalité du monde ouvrier, un monde qui ne vous fait aucun cadeau, et ce peu importe votre âge, des métiers usants et non reconnus à leur juste valeur, peu payés, fatiguants et laissant des séquelles sur votre corps. Ce qui d’une certaine façon a été un moteur d’ascension sociale. Cependant sa famille a également joué le rôle de frein, car la jeune fille ne jouissait que d’un capital économique modeste, d’un capital culturel très faible, de peu de relations avantageuses, et d’aucun prestige lui étant propre.
Heureusement pour elle, l’école a pallié ce manque de ressources. Son capital culturel décuplait, ainsi que son réseau de relations prestigieuses lui ouvrant de nouvelles portes professionnelles haut placées. Petit à petit la jeune femme se taillait un nom et une réputation dans le monde des intellectuels, ce qui la poussait sans cesse à évoluer pour ainsi améliorer sa condition, ne manquer de rien, et être parfaitement indépendante et accomplie, ce qui en fin de compte la mena à créer sa propre place dans la société.